EXTRAITS  Les Larmes de Frayja

Benjamin Troller :

Tiens bon, on est presque arrivé à la Clinique.

Justine Troller :

Non, finalement je vais accoucher ici, on l’a faite exactement sur cette banquette, ce sera un juste retour des choses !

Benjamin Troller :

Dans la voiture ? Non, mais tu blagues ?

Justine Troller :

Devine ! On devra juste l’appeler Mercédès, mais à part ce détail !

Benjamin Troller :

Je ne sais pas comment tu peux faire de l’humour à un moment pareil !

Justine Troller :

Bon, ça va, c’est notre quatrième doudou, on sait malheureusement comment ça marche ! J’accouche en 24 minutes chrono, plus vite que La Redoute !  Et puis, c’est naturel, tu crois qu’elles font autant de chichi les Africaines pour accoucher ? Elles s’accroupisssssent(une contraction) un coupe-coupe et voilà !  Bon j’arrête de déconner, elle est là, je sens presque ses cheveux... Ah non, c’est les franges du plaid. (…)

Tu as prévenu Ève ?

Benjamin Troller :

On aurait pu la laisser dormir, sérieux, mais oui je l’ai prévenu ; tu pouvais te passer de tout le monde, mais pas d’elle…

Justine Troller :

Tu ne vas pas être jaloux de ma sœur quand même ?!

Benjamin Troller :

Non, mais avoue, tu es presque plus souvent avec elle qu’avec moi.

Justine Troller :

C’est normal, on est jumelle !

Benjamin Troller :

Tu déconnes ?  Tu as deux ans de plus qu’elle.

Justine Troller :

Et alors ? C’est un détail.

Benjamin Troller :

Un détail qui aurait fait mal à ta mère quand même ; deux ans.

Justine Troller :

J’ai de la peine pour Ève quand-même. Elle veut tellement un enfant. Et nous, sans rien faire, ils nous tombent du ciel.

 

***

 

Ève Olsen :

Je rentre ! La sonnette ne marche pas !

Justine Troller :

Oui je sais, je l’ai coupée, elle faisait trop de bruit…

Ève Olsen :

C’est ballot, elle sert un peu à ça non ?

Justine Troller :

Je t’ai entendu, c’est l’essentiel !

Ève Olsen :

Je n’en reviens pas que tu sois déjà debout à gambader comme ça quatre jours après ton accouchement.

Justine Troller :

Je n’aime pas rester coucher à ne rien faire !

Ève Olsen :

Tu m’épates toi !

Justine Troller :

Il faut que ça bouge, sinon je meurs.

 

***

 

Ève Olsen :

Bon alors Benjamin, pourquoi elle pleure Freyja ?

Benjamin Troller :

Ah quand même ! Alors d’abord, Freyja est rousse comme toi.  Dans la mythologie Norroise, de Norvège quoi, c’est la Déesse de la Terre et de la Fertilité, de l'Amour et de la Beauté (comme toi). Ton nom de famille c’est Olsen, Norvégien. Freyja a un frère jumeau, Freyr, comme…presque toi ! Elle voyage dans un chariot tiré par deux chats géants !  Ils ne s’appellent pas Minou et Minette comme les tiens, mais quand même quoi, le détail !  Freyja est considérée comme la première parmi les Walkyries. C’est une guerrière, une battante comme toi ! Elle porte Brisingamen, un collier de pierres, d’ambre essentiellement…

Ève Olsen :

…Oui comme moi.

Benjamin Troller :

Voilà, j’allais le dire. Quand, au printemps, elle le portait, ni homme ni dieu ne pouvait résister à ses charmes…

Ève Olsen :

Mouais, et pourquoi elle pleure ?

Benjamin Troller :

(il lit son papier)Óðr, son mari a dû partir combattre dans des contrées si lointaines et inhospitalières que les autres dieux l’on considérés mort dès son départ. Freyja est tellement triste qu’elle pleure des larmes en or qui se transforment en gouttes d’ambre lorsqu'elles tombent à la mer. Et la mer, c’est la fertilité,un lieu de naissance dans toutes les mythologies, tu vois ?! Deuxième bon augure ça ! Freyja, c’est toi ! Une amazone, une guerrière !

 

***

 

Odin

Freyja, ne te répands plus aux yeux des lâches qui te croient faible… j’ai peur que les oiseaux des enfers ne mangent d’un appétit insatiable ton âme fragile. Relève-toi, ne pleure plus ! Ton homme sera bientôt de retour, Freyja, auréolé de gloire et d’amour, je le sens ; il faut faire confiance aux Dieux qui l’accompagnent. Console-toi !

Freyja

Oh toi Odin, Père des dieux, Créateur des hommes, Père de toute chose, toi quiestguérison, grandeur et sagesse, je te remercie de ta sollicitude. Mais, oh Grand Maître, je ne pleure plus le départ de mon Seigneur… Mes larmes ne sont pas des larmes de tristesse, mais des larmes d’espoir… Pour moi et pour toutes femmes qui luttent, comme moi. (…)

Je verse mon or sur les enfants, sur la vie qui sera leur ! Je pleure pour que chaque individu soit plus fort, pour que les solitudes fondent.

A suivre…