Les amoureux des jours pairs

 

Elle vivait près de l’estuaire,

Et regardait, impassible,

Le fleuve se noyer dans la mer

Avec ses rêves d’antan.

 

Elle contenait l’envie primaire,

Quasi irrépressible,

De remonter ses rivières,

De remonter le temps.

 

         Au 93 Rue Riquet,

         Le temps perdu les attendait.

         Comme une cascade à l’envers.

 

         Au 93 Rue Riquet,

         C’est une cerise au goût baiser,

         Pour les amoureux des jours pairs.

 

Au bord de la rivière

Une fille seule est assise.

Ses pensées indécises

Se perdent dans le grand large.

 

Sans mépris ni méprise

Un homme, à l’humeur solitaire

Avec une poignée de terre

A troubléses rivages.

 

Frêle comme un écho

Le souvenir s’accroche,

Le sentiment ricoche

Sur un tremblement d’eau.

 

Dans le bleu du décor

Tous les contours s’effacent

Lorsque dans ces yeux passent

L’absence d’un remords.

 

         Au 93 Rue Riquet,

         Le temps perdu les attendait.

         Comme une cascade à l’envers.

 

         Au 93 Rue Riquet,

         C’est une cerise au goût baiser,

         Pour les amoureux des jours pairs.

 

L’homme déchire son hiver.

D’un soupir il précise

Son vœu à l’Univers :

Que fondent les banquises

Sur leurs visages.

 

Des fleuves puis des mers

Inondent à leur guise

La terre tout entière.

Souhaits qui se réalisent

Début d’un long voyage.

 

         Toulouse le 21 janvier 2020

Paroles : Luc Tallieu - Benoit Hau - Anna

Musique : Marcel Capelle